FRAGMENT RETROUVE 15.
Ce n'est plus qu'un cri
qui s'étale qui m'avale
dénonçant l'instant fatal
où ses yeux s'étaient brisés
émiettant leur propre fragment.
Et ces infinitésimales paillettes grises
qui au fond des iris gravitaient
se noyaient
en cette écume moutonnante qui s'irise.
Maintenant la voix sourde
résonnait à l'intérieur même du cri
exprimant jusqu'à l'envi sa propre folie.
Et les lèvres poussaient jusqu'au blanc
jusqu'à le faire frémir
le dernier mot
qui sur sa peau
s'éclipse
ainsi le silence venait de mourir.
Et la mer dissimulée derrière les brisants
déroulait insatiablement
les instants livides
où les secondes égarées
par la main même de l'étranger
pénétraient l’œil
restant-là naufragées en ce recueil...
couvert de mot....
Abusivement écrits
où seule la lecture de la nuit
à travers le livre de l'absence
dans ses lettres répétait à l'infini
ce curieux "je t'aime"...
qui d'ailleurs n'avait jamais existé
mais où pourtant persistaient encore
terriblement esseulés sur ce corps
les sens délaissés par la douleur.
Elle sème le fragment de l'amour
comme pour devancer le jour.
Comme si avant la rupture
de ce blanc laissé entre les mots
il n'y avait eu qu'une illusion
celle où perdure
la lente trépanation de l'émotion
ce morceau d'âme nue
que j'écris mortellement sur sa peau.
Et le silence devance l'érosion de la nuit
écrivant les resserrant
les innombrables lettres qui...
s'écrient
mais ne s'écrivent plus.