FRAGMENT RETROUVE 10.
S'il n'y avait eu que ces interminables silences
l'inconscience du mot
comme ce souffle épuisé en sa poitrine
comme ce son étouffé en ces ravines
de sa gorge où des mains s'enserraient
je n'aurais trouvé que l'absence.
En cette page blanche
si tendrement amoureuse que me révélait sa peau
et le long de sa hanche
les volubiles "je t'aime" restaient
comme inanimés comme des errances sonores
exilées par le vocable éreintant de la voix.
Ainsi l'aspect du suicide
sur sa face nue s'était révélé
et sur l'œil chaleureux et vivant
la solitude de mes instants
marquait à l'aide d'un stylet
le recueil et son vide
où les fragments un à un
convolaient douloureusement avec cette justesse d'écriture
froidement ancrée parmi ces mots pénétrant la feuille
en ces ossatures fébriles qui se recueillent
devant l'ombre et son creuset.
Et le cil
au-dessus d'une paupière subtile
écrivait
"Je ne reconnaîtrais jamais
la sombre ivraie
où ton étrangeté se livre accumulant
le babil puéril
de cet enfant que tu es...
Car ta plume s'est jetée
et ton œil n'écrit plus l'âme déjetée."